Toulouse
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Edito #1

Vivre. Au-delà des discours pompeux et des débats intimidants, et si c’était ça la culture,
tout « simplement » ? Ces films qui nous transportent ailleurs, ces spectacles qui
développent notre imaginaire, ces festins, ces rencontres, ces petits instants et ces grands
moments qu’on se remémore après des années. La culture nous permet de sortir du train-
train quotidien, de vivre plus intensément, de remonter ou d’accélérer le temps. Alors que
nous sommes cantonnés chez nous, entravés dans nos relations sociales, enfermés parfois
dans une vie monotone et isolée, jamais sans doute nous n’avons eu autant besoin de la
culture et de son énergie créatrice comme terrain d’évasion. Pourtant, les restaurants, les
cinémas, les bars et les théâtres ont portes closes et les artistes sont assignés à résidence,
quand ils ne sont pas sommairement mis dehors. À Toulouse, nous assistons impuissants à la
fermeture de lieux d’expérimentation emblématiques. Reposent en paix : la guinguette Bleu-
bleu et le Pavillon Mazar. En sursis : Mix’art Myrys et le Centre Solidaire Abbé Pierre. Qui
sera le prochain ?
Raser des lieux d’expérimentation, établir le silence. Si cela nous choque, nous ne sommes
pas étonnés de voir, ici encore, le char de la métropolisation briser tout ce qui ne rentre pas
dans son business plan. L’appel de Mix’Art Myrys, fin janvier, à une société de « L’En-
Commun » ne s’y trompe pas. La culture est un commun au même titre que l’eau, la santé,
l’espace public. Cette eau dont la métropole a privatisé la gestion, cette santé maltraitée, cet
espace public offert aux promoteurs, aux grands projets inutiles.
Nous ne voulons pas de ce monde-là, qui uniformise et marchandise tout.
Il est vital que nous puissions incarner les mondes que nous souhaitons, que nous puissions
les habiter. Depuis mars, les théâtres sont occupés pour le retrait de la réforme chômage,
comme les ronds-points ont été occupés avant eux pour une démocratie digne de ce nom et
les ZAD pour prendre soin du vivant. Reconnaissons donc que nous agissons « depuis des
recoins du monde divers, disparates, différents, dissemblables, distants et distincts (en art,
science et lutte, résistance et rébellion) *». De nos luttes communes, combattons les
dominations, défendons l’autonomie politique et défendons la vie.

* extrait du message de l’appel zapatiste (communauté autonome du Chiapas, au Mexique,
depuis 1994), intitulé Une déclaration pour la vie.

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